Roland Cornthwaite – octobre 2016 – Du carnet
Cheval
Qu’est-ce qui te pousse à obtempérer
Alors que rien de toi ne semble servile ?
Où ta noblesse t’a-t-elle conduit ?
De cirque, de parade, police montée
Spectacle et ordre public
Que te font les applaudissements ?
Ta beauté, à quel prix ?
Tes yeux aveuglés, que crains-tu ?
L’homme et ses œuvres ?
Toi qui fus aussi de guerre
Que penses-tu du Cheval de Troie ?
Homme si facile à berner, à leurrer, à éblouir
Ton corps de muscles, luisant comme une boule à facette au centre du jeu
Tous les yeux acérés derrière les lunettes de vue
Mains crispées sur une poignée de billets
Tu portes dossard numéroté et ton effort est de tension
Te surpasses-tu de plaisir ?
Aimes-tu dépasser ton alter ?
Penses-tu rival ? Ennemi ?
Cheval libre ?
Tu dépends de l’homme
Et qu’as-tu gagné ?
Les œillères et le mors, le licou
Pour une tresse à la queue et une crinière bien coiffée ?
Animal de compagnie ?
De monte paisible le dimanche ?
De courses en bord de mer ?
Ta souplesse, ton élégance, ton pas réglé
Le ballet raffiné du Cadre Noir
Comment en es-tu arrivé là ?
Après les services – aux champs, aux bois, aux armées, animal de bât
Que te reste-t-il ?
De nous, bonheur ou nuisance ?